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 |  Sujet: au travers les néons (giacomo)  Dim 4 Mar - 20:29 | |
| Il effleure sa main, une fois, puis une autre. Il s’approche et sourit, enfant dont son corps d’homme trop grand qui voit en elle le délicat parfum d’une nuit sans lune. Elle a des étoiles dans les yeux et le corps voilé d’une robe si légère au cœur de l’hiver. Alors Frida, elle rit quand il pose ses lèvres sur les siennes, et elle le repousse quand il glisse ses mains contre ses hanches.
Il pourrait ressembler à son père, avec ses cheveux qui commencent à devenir blanc sur les trempes.
Il est tellement grand, dans sa veste qui coûte bien plus chère que le loyer qu’elle paye tous les mois.
Et elle elle est minuscule Frida, enfant fleur au regard emplie d’ivresse.
Elle sourit du bout des lèvres et se hisse sur la pointe des pieds pour lui murmurer quelques mots à l’oreille. Il sourit à son tour, il dit qu’elle comprends. Elle est fatiguée qu’elle ajoute, elle va rentrer, on vient la chercher, elle ne veut pas faire attendre cet ami venu la cueillir à l’entrée du bar. Elle parle, si légère, avec sa peau qui sent la bière et le parfum à la lavande. L’homme n’insiste pas, prince qui lui propose simplement de l’accompagner jusqu’à la porte. Frida pleine d’ivresse dont le rire vient s’ajouter aux nombreuses conversations qui rendent déjà le bar trop bruyant. Il est tard, bien trop tard. Elle travaille, plus tard dans la journée. Elle sait malgré cette chaleur qui vient brûler sa peau qu’elle regrettera de ne pas être rentrée quand ses amis lui en ont donnés la possibilité.
Parce qu’elle était accompagnée Frida, d’un groupe de copain d’école qu’elle revoit parfois pour faire le bilan sur ce que sont devenues leurs vies. Y a ceux qui s’accrochent à l’obtention d’un diplôme, ceux qui travaillent, ceux qui aiment depuis trop longtemps, ceux qui se marient et projettent d’avoir des enfant. Puis y a Frida, douce amoureuse au regard vagabond, qui rit dans les silences. Belle insouciante qui se tait bien de raconter ce qu’est devenue sa vie. Elle conte, elle détourne les regards et s’enivre à en oublier de penser.
Mais ils sont partis, tous.
Ils sont partis il y a un moment déjà, laissant Frida danser pieds nus au milieu des autres ivrognes dans son genre. Des étudiants et des hommes trop âgés. Des types qui ont du mal à supporter d’être seuls.
Frida parfois, elle a aussi ce nœud dans le ventre qui lui murmure de chercher la lumière des gens pour ne pas sombrer.
Alors elle est restée.
Elle est restée et après avoir embrassé la joue du garçon, elle s’empresse de rejoindre la porte, son sac sur le dos, ses chaussures tenues du bout des doigts. Elle les remettra plus tard, quand elle se sera abrité loin de ses propres mensonges. Parce que personne ne vient la chercher Frida, que personne ne l’attend dehors.Elle avait prévu de rentrer avec le dernier bus, mais l’heure est déjà passée. Alors elle glisse son corps de fée frêle au dehors du bar, et c’est le vent froid de l’hiver qui vient s’engouffrer dans ses cheveux défaits. Frida elle a un corps d’oiseau, minuscule, et qui paraît pouvoir être emporté par le vent à chaque mouvement trop brusque. Frida elle a cet air perdu, quand elle cherche dans la poche de son manteau son téléphone portable. La fille ivre au bord du trottoir. Cette drôle de gamine qui fait défiler les numéros avant de s’arrêter sur le sien.
Allez savoir pourquoi.
Pourquoi lui et pas les autres.
c’est lui qu’elle voudrait attendre, comme d’autres fois au par avant.
Lui qu’elle fera semblant de détester mais qu’elle remerciera pourtant d’être venu la chercher.
Alors elle appelle Frida, une fois, mais il ne réponds pas. Il est tard, bien trop tard. « réponds putain... » qu’elle murmure en pianotant à nouveau sur les touches du téléphone qu’elle glisse contre son oreille. Messagerie. « euuuh ouais, c’est moi. Enfin c’est moi c’est Frida. Ça pourrait être c’est moi c’est ta mère, mais nan, c’est moi Frida. Je t’appelais parce que je devais rentrer en bus et en fait j’ai pas fais attention à l’heure et… Giacomo, tu peux venir me chercher ? Sinon je vais être obligée de retourner à l’intérieur du bar pour me faire ramener par un type qu’aura l’air louche et… serieux, il fait super froid dehors, mais je t’attends, promis. »
Frida parfois elle boit trop.
Ce soir Frida elle a trop bu, habitée par ce drôle de sentiment de ne plus vraiment savoir qui elle est. Ca lui arrive parfois, depuis le décès de sa mère surtout. Elle cherche et puis à défaut de trouver, elle oublie d’arrêter de boire. Alors elle titube sur son trottoir, princesse aux pieds nus qui dans sa robe de bal finit par s’installer en tailleur, adossée au mur pour ne pas tomber.
Jolie Cendrillon qui glisse ses pieds nus dans ses baskets colorées.
Parfois Frida elle ressemble à une enfant, tellement fragile.
Puis d’autres fois, elle a le regard triste des adultes qui se perdent à longueur de temps.
Ce soir Frida, elle a les yeux qui brillent de milles et une couleurs.
Parce qu’elle sait qu’il viendra la chercher, qu’elle finira par voir se dessiner au coin d’une rue la carcasse de sa voiture à lui. Drôle de colocataire qui sent parfois trop fort l’essence et et l’huile de moteur. Elle aime bien Frida, son odeur. Mais elle ne lui dit pas.
Assise sur le trottoir, elle glisse une cigarette entre ses lèvres colorées d’un rouge carmen.
Juste de quoi tuer le temps. |
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